Dossier Quoi de neuf en Flandre?
Jonas Roosens
Alors que le gouvernement fédéral a entamé son conclave en vue du contrôle budgétaire de 2023, de nombreux signaux se sont fait entendre (Banque nationale, Bureau du Plan, Commission européenne et de nombreux économistes) mettant en garde sur la situation catastrophique de nos finances publiques. Toutefois, au sein du gouvernement fédéral, certains font preuve d'un optimisme à toute épreuve. L’analyse du journaliste politique de la VRT Ivan De Vadder.
Une profusions de signaux d’alerte
Depuis trois ans, le gouvernement De Croo a dépensé à tour de bras pour aider les citoyens et les entreprises à faire face à deux crises majeures : la pandémie de coronavirus et la crise énergétique consécutive à l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Aujourd'hui, tout à coup, tout le monde semble prendre conscience de la gravité de la situation financière, sans pour cela présenter de plan pour résoudre le problème.
Quoi de neuf en Flandre - 25 mars 2023
Le Bureau fédéral du Plan prévoit que la dette publique atteindra 118 % du PIB en 2028, une situation similaire à celle du milieu des années 1980, explique Eric Van Rompuy, chef de file du CD&V. Dans un article d'opinion paru vendredi dernier dans le journal De Tijd, 49 économistes flamands citent des simulations selon lesquelles la dette publique atteindrait 200 % d'ici 2050 sans mesures importantes. Le gouverneur de la Banque nationale, Pierre Wunsch, s'est rendu vendredi dernier au 16 rue de la Loi pour exhorter le conseil de cabinet restreint à faire preuve de plus d'austérité.
Et les signaux d'alerte ne cessent de se multiplier. Le gouverneur Pierre Wunsch espère que nous pourrons encore renverser la vapeur, car "sinon, nous allons droit dans le mur". La Commission européenne exige également que le déficit public belge soit ramené à 3 % d'ici à 2026.
Et puis il y a le signal de l'agence de notation Fitch, qui a revu à la baisse la perspective de la note de la Belgique. Et le fait qu'il soit apparu, la semaine dernière, que notre déficit était passé de 33 milliards à un peu plus de 27 milliards ne doit pas inciter le gouvernement De Croo à se reposer sur ses lauriers.
Des réformes difficiles à mettre en œuvre
A un peu plus d'un an des élections, le gouvernement fédéral est encore confronté à une série de réformes difficiles à mener. Dimanche, les principaux ministres du gouvernement De Croo ont procédé à un examen approfondi du rapport du comité de monitoring, transmis jeudi et présenté vendredi en kern, et analysé ligne par ligne les mesures prises dans le budget initial d'octobre.
Ensuite, une nouvelle réforme des pensions devrait permettre d'alléger le budget en récompensant, par exemple, les personnes qui travaillent plus longtemps. L'Europe serait donc prête à débloquer 850 millions d'euros d'aide financière.
Enfin, une réforme fiscale est prévue, qui pourrait rapporter 835 euros net par an à tous les travailleurs.
Toutefois, interrogé sur la chaîne privée flamande VTM NWS, le président du MR Georges-Louis Bouchez a estimé que cette réforme fiscale ne doit pas seulement rester dans le cadre de la fiscalité. Comprenez : la baisse des charges sur le travail ne doit pas être compensée uniquement par une hausse des recettes de TVA et une augmentation des charges sur le patrimoine. Bouchez n’envisage pas de réforme fiscale sans réforme en matière d'emploi, qui mette plus de gens au travail, et une réforme des pensions.
Et tout s'enchaîne : soit le gouvernement réussit à mettre en œuvre toutes ces réformes, soit il échoue et se retrouvera avec un déficit budgétaire énorme, une dette importante et sans les réformes socio-économiques tant attendues.
Un vent d'optimisme, très vite contesté
Dans cette morosité il y a eu quand même eu une petite éclaircie, la semaine dernière avec l’annonce faite par le ministre de l’Emploi Pierre Yves Dermagne (PS) qu’il n’y avait jamais eu autant de personnes au travail en Belgique. Le taux d'emploi en Belgique a atteint 72,3% lors du quatrième trimestre 2022 et les 80% serait à portée de main pour 2030.
Mais ce triomphalisme du ministre socialiste a été rapidement refroidi, notamment par le MR. Selon les libéraux francophones ces résultats sont conjoncturels et aucune mesure n’a été prise pour augmenter le taux d’emploi et réformer le marché du travail. D'autant plus que le taux d'emploi augmente partout en Europe, alors que, selon Stijn Baert, économiste du travail, "notre écart avec la moyenne européenne s'est creusé depuis que la Vivaldi est au pouvoir. L'augmentation semble donc purement conjoncturelle".
Georges-Louis Bouchez, ajoute que cette augmentation n'est que "le résultat du vieillissement croissant de la population qui augmente mécaniquement le taux d'emploi". Plus le nombre de retraités est important, plus le taux d'emploi du reste de la population est élevé.
Autrement dit, selon Georges-Louis Bouchez, aucune mesure n'a été prise pour augmenter ce taux. Et de donner l'exemple de sa propre région, celle de Mons, qui a un taux d'emploi d'à peine 53 %.
En pleine campagne électorale, les partis n’ont plus le droit de rien dépenser
Nombreux de nos politiciens fonctionnent comme s’ils étaient en permanence en campagne électorale. À ce sujet, le politologue de la KUL Bart Maddens, a fait une analyse intéressante dans De Morgen le week-end dernier. Bart Maddens relève un curieux paradoxe : au moment même où les partis politiques devraient pouvoir faire campagne, c'est-à-dire les trois derniers mois avant les élections, les dépenses autorisées pour les partis politiques sont plafonnées de manière très stricte, du moins en Flandre.
Les partis politiques ne sont autorisés à dépenser qu’un total d'un million d'euros. "Or, ce montant remonte à l'an 2000", précise Bart Maddens. "Converti aux prix d'aujourd'hui, ce million de l'époque vaudrait aujourd'hui 1,7 million d'euros. En d'autres termes, le montant maximal ne vaut aujourd'hui que 60 % de ce qu'il était en 2000, et en 2024, il vaudra encore moins.
Cela signifie que les partis ne pourront dépenser qu'un montant limité au cours des trois derniers mois précédant les élections. Or, pendant les quatre années de la législature et les neuf mois qui précèdent, les partis politiques ne sont soumis à aucun plafond de dépenses et peuvent dépenser à leur guise les généreux fonds qui leur sont alloués. Par exemple, dans les réseaux sociaux. Il en résulte une campagne électorale permanente qui, curieusement, s'arrête et c’est le paradoxe, juste avant les élections.
Peut-être devrions-nous à l'avenir laisser les partis dépenser davantage pendant la campagne et moins pendant la période qui la précède.
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